Bruxelles, le 12 Mars 2024
Lundi 11 mars, les États membres de l’UE ont approuvé un accord sur les droits des travailleurs de plateformes. Considérée sous le statut d’entrepreneur ou d’indépendant, cette directive offre une voie vers les protections accordées aux salariés tout en laissant la possibilité de préserver le travail indépendant. En 2022, environ 30 millions de personnes dans l’UE travaillaient pour une ou plusieurs plateformes basées sur des applications, un chiffre qui devrait passer à 43 millions d’ici 2025.
Ces personnes, également appelées « travailleurs de la gig economy », ont des droits limités en matière d’emploi. Travaillant souvent pour des géants mondiaux de la technologie tels qu’Amazon ou Uber, ces entreprises utilisent des systèmes algorithmiques afin de collecter des données sur le travailleur. Ces pratiques ont fait l’objet de scandales, car des systèmes algorithmiques « racistes » ont bloqué des travailleurs de l’application parce qu’ils ne parvenaient pas à les identifier, ou ont entraîné une discrimination salariale.
La nouvelle directive établit des règles initiales sur l’utilisation des systèmes algorithmiques, exigeant des entreprises de l’économie parallèle qu’elles informent les travailleurs de l’utilisation de la technologie algorithmique. Selon le Conseil européen, « les géants de la technologie ne pourront pas non plus traiter certains types de données à caractère personnel, telles que :
- les données personnelles sur l’état émotionnel ou psychologique des travailleurs de la plateforme
- les données relatives aux conversations privées
- les données permettant de prédire l’activité syndicale réelle ou potentielle
- les données utilisées pour déduire l’origine raciale ou ethnique, le statut migratoire, les opinions politiques, les croyances religieuses ou l’état de santé d’un travailleur
- les données biométriques, autres que celles utilisées pour l’authentification ».
La grande majorité des travailleurs des plateformes numériques ont entre 20 et 30 ans, selon les données d’Eurostat. Étant donné que c’est à cet âge que les couples commencent le plus souvent à se marier et à fonder une famille, il est essentiel d’améliorer les conditions d’emploi et l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée dans l’intérêt des familles. À l’heure actuelle, la flexibilité promise par les géants de la gig economy ne correspond pas toujours à la réalité, car les travailleurs doivent souvent travailler à des heures irrégulières afin de gagner suffisamment d’argent pour mettre de la nourriture sur la table pour leur famille
La santé et la sécurité sont également un sujet de préoccupation majeur, car les entreprises basées sur des applications ont été critiquées pour ne pas avoir fourni une protection suffisante lorsque des travailleurs ont été assassinés ou agressés.
Le travail dans le cadre de l’économie parallèle ne se limite pas à la conduite de taxi ou aux services de livraison, mais peut également inclure le baby-sitting, la traduction, les soins aux personnes âgées, et bien plus encore.
La FAFCE est membre de la campagne de l’Alliance Européenne pour le Dimanche, qui plaide pour un dimanche sans travail et un droit à la déconnexion, afin que les travailleurs puissent passer du temps de qualité avec leurs familles et leurs communautés.
Dans une résolution sur la santé mentale et les jeunes, la FAFCE a rappelé que « la combinaison du télétravail et de la garde d’enfants, en particulier pour les enfants ayant des besoins spéciaux, pourrait constituer une menace pour la vie familiale et le bien-être des parents et des enfants ». Dans la même résolution, la FAFCE réitère l’appel du Conseil de l’Europe aux Etats membres pour qu’ils « encouragent les politiques de conciliation entre vie professionnelle, vie personnelle et vie familiale, afin de favoriser une meilleure protection de la santé mentale ».
L’AFCE réitère ses appels en faveur d’une politique de l’emploi et de la santé mentale:
- des systèmes d’imposition basés sur la famille afin d’éviter l’inégalité de traitement des parents et des soignants
- un accès adéquat et entièrement rémunéré aux congés de maternité, de paternité et parental pour les parents, indépendamment du temps de travail effectif
- une liberté totale pour les parents de décider de la répartition du congé entre le père et la mère
- reconnaître légalement le droit à la déconnexion et à un dimanche sans travail, en tant que liberté fondamentale de chaque personne
- mettre en œuvre les plans d’action nationaux de la Garantie pour l’enfant
- mettre fin à la discrimination des femmes sur le lieu de travail
Vincenzo Bassi, Président de la FAFCE, a déclaré : « Pendant la pandémie de COVID-19, les travailleurs de l’économie parallèle sont effectivement devenus des travailleurs clés qui ont continué à fournir leurs services pendant les fermetures. Leur rôle essentiel dans l’économie d’aujourd’hui exige qu’ils soient traités avec dignité.
« Ces travailleurs précaires ne peuvent pas être considérés uniquement comme un groupe d’individus, mais comme faisant partie de familles et de communautés contribuant au bien commun. Ils sont aussi souvent des parents, des maris, des femmes, des fils et des filles – lorsque nous considérons les droits des travailleurs, nous devrions également tenir compte de leurs responsabilités familiales afin d’éviter toute discrimination.
Dans le contexte d’un hiver démographique et d’une culture de la solitude, la famille est la clé de la solidarité intergénérationnelle. La précarité et l’insécurité du travail exacerbent la solitude. Nous devons donc veiller à ce que les plateformes de travail garantissent la dignité et la flexibilité des services, non seulement pour les travailleurs eux-mêmes, mais aussi pour les familles qu’ils font vivre.
Les travailleurs qui mettent de la nourriture sur notre table ne devraient pas avoir à lutter pour mettre de la nourriture sur leur table pour leur propre famille. »